Les pensées quotidiennes de C.S. Lewis
Voir toutes les pensées de LewisVoici la lecture du mercredi 18 janvier 2006
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#18 - A moi, tout à moi
Le vieux démon Screwtape parle de ce qu’il entend par « le moi ».Quand Lewis parle de l'Ennemi dans cette pensée, il fait ici référence à Dieu.
Déjà dans sa nursery, on peut inculquer à l’enfant que quand il dit « mon nounours », cela ne veut pas dire « mon vieil ami, objet de ma tendresse », (comme l’Ennemi ne tardera pas à le lui enseigner si nous ne sommes pas sur nos gardes) mais « l’ours que je peux mettre en lambeaux si j’en ai envie ». Et à l’autre bout de l’échelle, nous avons appris aux hommes à dire « mon Dieu » en donnant au pronom un sens très proche de celui qu’il a dans « mes bottes », c’est-à-dire « le Dieu sur lequel j’ai acquis des droits grâce à mes mérites exceptionnels et que j’exploite du haut de la chaire – le Dieu que je mets à mon service ».
Et le comique de l’histoire, c’est que le mot « mien » dans son plein sens possessif ne peut être prononcé par aucun être humain à l’égard de quoi que ce soit. En fin de compte, ce sera soit notre Père soit l’Ennemi qui pourra appeler « sien » chaque chose, et surtout chaque homme, qui auront existé. N’aie pas peur, les hommes finiront bien par découvrir à qui appartiennent réellement leur temps, leur âme et leur corps – pas à eux-mêmes en tous cas. Pour le moment, l’Ennemi appelle « sien » tout ce qui existe pour la raison pédantesque et légaliste qu’il en est le créateur. Notre Père espère, cependant, qu’à la fin, il pourra appeler toutes choses « siennes » pour la raison plus réaliste et dynamique qu’il en a fait la conquête.
-- C.S. Lewis dans Tactiques du diable